Les étudiants de BTS Gestion Forestière en tournée en région Centre-Val de Loire
Swiss Krono à Sully sur Loire
Lundi 12 février, les étudiants se sont rendus à l'usine Swiss Krono, près de Sully sur Loire. Le Président Directeur général du site, Vincent, le directeur Technique Guillaume et le responsable Achats bois du groupe les ont accueillis. Ce groupe, au caractère familial, est né en 1966 en Suisse. Il possède plus de 10 sites de production dans le monde, comptant 5000 personnes.
Leurs produits portent sur :
- le flooring
- l'interior
- le building material
Les ventes de produits à base de panneaux de bois se font dans plus de 120 pays différents. Le groupe assure un engagement vert, par la réduction des émissions de CO2 et contribue à l'économie solidaire. Des engagements, avec des partenaires de confiance, existent notamment avec PEFC et FSC, des certifications connues et reconnues sur les marchés nationaux et internationaux.
D'une surface de 5 hectares, dont 10 hectares sont couverts, le parc à bois représente 16 jours de stock, ce qui est assez peu. D'où l'importance d'un bon approvisionnement en billons, en tenant compte des intempéries hivernales, des périodes de chasse ainsi que de la logistique d'approvisionnement.
Ce site de Sully sur Loire a été créé en 1988. Il représente 400 emplois, 1200 emplois indirects, une société d'exploitation forestière qui assure 50% des approvisionnements du groupe, 850 000 m3 de production annuelle.
Le groupe est certifié ISO 9001, ISO 50001, PEFC et Bois de France.
Le rayon d'approvisionnement est de 180 kilomètres autour du site.
Deux gammes de produits sont référencées :
- Interiors : panneaux de particules, panneaux MDF, panneaux mélaminés, cuisinistes, tablettes
- Building : panneaux OSB (plus solides car structurants).
Enfin, les clients du groupe sont nombreux et diversifiés : commerce de détail, négoce de bois, grandes surfaces de bricolage, industriels (cuisinistes, mobil homes), architectes, designers, importateurs.
Les étudiants, équipés de casques, vestes fluo et audioguides, bénéficient d'une visite du site, du parc à bois jusqu'au chargement des produits finis, afin de bien comprendre et appréhender les process de production.
Visite de la tonnellerie Vriet
Le 13 février, les étudiants ont visité la tonnellerie Vriet de Mont Près Chambord (41). Les étudiants ayant vu en première année de BTS une merranderie dans l'Allier, faisant des douelles pour les tonneaux, la transition s'opère facilement. Pour le responsable, le merrain n'accepte pas de défaut. Ses produits sont au séchage naturel pendant 24 mois avant d'être repris pour la fabrication des tonneaux.
Plusieurs types de tonneaux sont fabriqués sur ce site, en majorité de 225 à 500 litres, à 90% pour du vin. Un grain fin, d'un arbre qui a poussé lentement, est une garantie d'une bonne douelle et d'un bon assemblage de tonneau. Un tonneau est fait de douelles, assemblées les unes contre les autres, de minimum 28 à maximum 36, d'un épaisseur de 3 cm à 12 cm maximum par douelle. Ici, pas de colle, pas de joint, mais juste un jointage.
Le responsable allume un brasero pour montrer aux étudiants comment chauffer le bois et lui permettre, au travers de cette chaleur, de dégager des arômes subtils.
Chaque année, 1000 à 1200 fûts sont fabriqués sur ce site, dont les trois quarts vont à l'export. Une traçabilité et un suivi des produits fabriqués permettent de répondre aux clients. A la chaleur du brasero, à l'intérieur du tonneau, 140°C, à l'extérieur 30°C, preuve que le bois est un matériau isolant. Puis, les cercles galvanisés se posent afin de donner une forme définitive au tonneau (6 cercles par tonneau). S'ensuit un rognage, pour insérer le couvercle lui aussi réalisé en chêne merrain. Il s'agit bien entendu d'assurer une étanchéité maximale.
Les prix du bois à merrain se sont envolés ces dernières années, passant de 700-800 euros le m3 en 2012 à 2000 euros le m3 en 2022, sans pour autant de réel changement de prix chez le client final. Un fût en chêne de 500 litres coûte 1600 euros HT.
Rencontre avec le CNPF et UNISYLVA
La tournée s'est poursuivie à Cheverny (41), où les étudiants ont rencontré Clément Deschamps et Evaelle Bourdais, techniciens au CNPF 41, ainsi qu'un responsable conseiller direction UNISYLVA Didier Dezuraud, gestionnaire d'un groupement forestier familial de 1870 hectares. Ce groupement forestier se répartit en plusieurs parties :
- 171 hectares à vocation agrément, près du Château
- 1675 hectares dont 70% en feuillus et 30% en pins
- le reste en chemins, étangs et parefeux
Les pins sylvestres ont montré des faiblesses avec les orages de grêle, les fortes chaleurs estivales et les pins laricios victimes des bandes rouges ont souffert des printemps humides favorisant la croissance des champignons.
La chenille processionnaire fait également des ravages. L'alternative est le pin maritime et le pin laricio de calabre. Les chênes présents sont le chêne pédonculé (pionnier) et le chêne sessile, mais on trouve aussi du chêne chevelu.
Par le plan de relance, des financements permettent de reboiser des coupes de pins sylvestres exploitées pour cause de dépérissement. Des travaux du sol (labour, trident) permettent d'installer des chênes sessiles et des bouleaux principalement, mais aussi de façon plus accessoire, des pins maritimes, des calocèdres, des séquoias sempervirens et des chênes des marais.
Deux autres arrêts permettent au groupe d'étudiants de voir une plantation de chênes réalisée après travaux du sol, avec un prochain objectif d'éclaircie et un peuplement de chênes en conversion.
Les étudiants effectuent un dernier arrêt sur un peuplement de chênes en fin de conversion. La pression du gibier est présente, sauf au bord des axes et où le public se promène. Les arbres semenciers sont retirés dès que le semis est acquis.
Les techniciens rappellent que la chasse est le revenu numéro 1 en Sologne et que bien des propriétaires ne s'intéressent que trop peu aux lois et à la forêt.
La forêt domaniale d'Orléans
Mercredi 14 février les étudiants retrouvent le TFT Christophe Dufour, basé sur l'unité territoriale de Vitry aux Loges (45). Le technicien, au pied du Belvédère des Caillettes, présente la Forêt domaniale d'Orléans, la plus grande de France qui se divise en trois massifs : Orléans (6 000 hectares), Ingrannes (14 000 hectares) et Corris (15 000 hectares). Les feuillus représentent les deux tiers de la forêt et les résineux le tiers restant.
Le climat est ligérien, 650 mm de pluie par an en pluviométrie, ce qui est plutôt faible, associé à des sècheresses estivales. La plupart des peuplements de la Forêt Domaniale sont purs et purs mélangés. Des enrésinements ont été réalisés dès le 19ème siècle avec du pin sylvestre et du pin maritime. Plus récemment, après la Seconde Guerre mondiale, des boisements de Pins Laricios ont été réalisés. Mais ces pins souffrent depuis 5 ans, notamment les pins sylvestres et laricios (bandes rouges).
La forêt est bien équipée en dessertes et pistes, ce qui représente un coût non négligeable. Les étudiants effectuent plusieurs arrêts dans la Forêt domaniale :
- Premier arrêt : parcelle 751 de 30 hectares
C'est une futaie sur souches de 150 ans, son état sanitaire est très moyen. L'ONF essaye de régénérer cette parcelle en maintenant un maximum de couvert afin d'éviter une mise à nu du sol et de retarder ka coupe définitive, cette parcelle étant proche du Belvédère des Caillettes.
Peuplement de 28 mètres de hauteur, surface terrière de 28 m2, densité de 88 tiges par hectare.
Cloisonnements : ouverts tous les 18 mètres. Semis de plus de 10 ans, à préserver, mais d'autres semis sont plus jeunes car le couvert se retire quand la régénération est acquise.
Il est à noter que le sol est sensible au tassement, inscrit dans l'aménagement forestier, ce qui permet la mise en vente des bois de juin et la coupe à effectuer dès la fin août.
3 arbres bios sont gardés par hectare.
- Deuxième arrêt : le long d'une piste, dépôt de bois vendu en régie. L'ONF assure l'exploitation des bois désignés, abattage, débardage et transport sur le lieu d'exposition afin que les acheteurs puissent apprécier et observer les qualités des bois et faire des offres financières. Ces lots de bois se sont vendus, selon la qualité, de 500 à 1000 euros par m3.
- Troisième arrêt : îlot d'avenir. Sur un espace grillagé de 3 hectares, l'ONF a lancé en lien avec le plan de relance, une expérimentation grandeur nature d'essais et de boisements de nouvelles essences forestières :
- le Cèdre de l'Atlas
- le Chêne vert
- le Pin Taeda
Ces plants sont bien portants, avec un taux de reprise de plus de 90%. Beaucoup d'espoirs existent dans ces expérimentations d'aujourd'hui, pour décider des essences de nos forêts de demain.